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Le blog de cyclokleg

Le C.C.C. (Club cyclotouriste Cléguérecois) 56480 Cléguérec, Morbihan. (en Centre Bretagne) -Club au maillot en dégradé blanc / bleu clair/ bleu marine, les Cyclos de Cléguérec, sont affiliés à la FFCT depuis 1973, sont présidés actuellement par Lionel Robin (mail : lionelrobin56@orange.fr ) , secrétaire Gilbert Le Corre et trésorier Patrice Jouan.

Mon Paris Brest Paris 2011 (suite)

 

breto010.gifbreto010

 

Mon Paris-Brest-Paris 2011(2ème partie)

les 3 Cléguérecois-copie-1

 

St Quentin-enYvelines , dimanche 21 août 2011 à 18h.

            « 10, 9, 8…..      1,0 » il est 18 h, ce dimanche 21 août, il fait environ 30°C et nous sommes lâchés enfin...pour 1230km. Nous sommes 3 de Kleg à prendre le départ de ce 17ème PBP(pour Dédé et Gilbert , c'est leur 2ème PBP). Nous aurions dû être 4, mais c'était sans compter sur la mauvaise chute de notre collègue Alain Q qui l'a empêché de rouler pendant plusieurs mois en ce début d'année. Nous partons vers Dreux. C omme prévu, Jean Pierre (un Cléguérecois qui a émigré à Paris) nous attend sur le bord de la route, à une vingtaine de km de là, avec son vélo et vêtu du maillot de Kleg. Il fait quelques km avec nous et nous encourage pour la suite. Il faut faire attention dans ces premiers km, nous occupons la moitié de la route et ça roule vite. J’ai 30 km/h au compteur dans les 2 premières heures, après la moyenne ne fera que baisser. Vers 21h, le soleil décline à l’Ouest et comme beaucoup

     je m’arrête pour allumer mes feux et enfiler le gilet fluo. Comme à son habitude, Dédé poursuit des lièvres; plusieurs fois, je le perds de vue mais après ça ralentit et je le rejoins. Comme il fait encore chaud, les manchettes et jambières restent dans la sacoche. Désormais, c’est un long serpent de lucioles rouges que nous avons devant nous. C’est un moment agréable même si on est quelque  peu anxieux à l’idée des 1100 km qu’il reste à faire.

Mortagne-au-Perche 

              Après 140 km , nous voici à Mortagne-au-Perche; il faut s’arrêter pour remplir les bidons; 

Depuis longtemps nous avions perdu Gilbert et
sur le parking à vélo, nous le retrouvons, Il est déjà
prêt à repartir. Sur la route de Villaines, de nuit, je
perdrai mes 2 compagnons qui prennent le large.

 

  Depuis Mortagne, je ressens des difficultés pour manger et boire ; ça me pèse au niveau de l’estomac. Du coup mon allure a faibli. Je me traîne. Et j’arrive à Villaines la Juhel (3 h 45) avec le moral dans les chaussettes ; Je n’ai pratiquement rien bu ni mangé dans les 80 derniers km. Ce mal de ventre me mine et je pense même à l’abandon (même si Gilbert  dit toujours qu’il ne faut surtout pas y penser) mais dans le cas présent, je ne me vois pas continuer ainsi avec mes forces qui déclinent et des courbatures au niveau des cuisses. Je prévois déjà de téléphoner à mon épouse et assistante (qui doit me rejoindre à Fougères) pour qu’elle m’envoie quelques habits « civils » pour rentrer à la maison. Je suis vraiment déçu quand je revois toute la préparation, l’entraînement, les brevets pour en arriver là…J’imagine la suite: je vais faire l’étape Villaines–Fougères en roulant tranquille puisqu’il n’y a plus d’enjeu; car c’est décidé… j’arrête à Fougères.

Villaines-la-Juhel, lundi 3h45

                 A l’arrêt de Villaines je me force à avaler un bol de café et 2 pains au chocolat, puis j’erre sur le site ne sachant trop que faire; et alors que je ne l’avais pas prévu, je décide d’aller dormir pour une durée de 1 h 15. Je vais au stand « couchage » et demande à ce qu’on me réveille à 4h15. On me fournit une couverture et on m’indique un matelas mousse dans ce qui à l’air d’être une salle de classe. J’y dormirai une heure. Sitôt réveillé, je me lève et je repars Paris Brest Paris 2011 028rapidement: je me rends compte que cette pause m’a fait le plus grand bien puisque, sur la route de Fougères, je ressens assez vite de l’appétit et les jambes tournent rond à nouveau. Au fil des km, j’abandonne… l’idée d’abandonner. Le moral est bon. Ce repos m’a sauvé. Durant le restant de la rando, il ne sera plus question pour moi d’abandonner; au contraire je connaîtrai une forme ascendante et je suis persuadé maintenant que je ne vais pas lâcher le morceau: mon objectif, ce n’est pas de rallier Fougères ou Tinténiac mais d’aller jusqu’à Paris. Apparemment beaucoup de temps de perdu à Villaines, mais la suite me confirmera qu’il valait mieux faire cette pause pour repartir du bon pied.

Fougères lundi 9 h 36.

              Je rejoins mon « assistance » perso. Pour m’assister de Fougères à Loudéac (à l’aller) et de Carhaix à Dreux(au retour), je bénéficie d’une assistante: le grand luxe ! c’est Marie-Odile qui s’est collée à cette tâche; j’espère qu’elle n’aura pas de souci pour rejoindre les différents points de contrôle: la route de PBP leur est strictement interdite ; elle a un GPS. Pour les randonneurs, l’arrivée dans Fougères est interminable; ça tourne en rond dans la ville. banderole PBPJ’y prends mon pre mier vrai repas depuis le départ. J’ai de l’appétit et prend la file d’attente au self ; je ressens encore des courbatures dans les cuisses et aussi des raideurs aux cervicales. Je mets un peu de pommade genre flector et ça me fait le plus grand bien du moins pendant les 3 heures qui suivent. Par la suite, les courbatures resteront très supportables. Je n’ai dormi cette nuit qu’une heure et pourtant durant cette

500.jpg

journée je ne ressentirai pas l’envie de dormir.

            Je pars pour Tinténiac. Je roule en compagnie de 4 Belges de Mouscron. L’un d’eux me parle des randos et brevets qu’il organise dans sa région proche du Nord de la France. Je leur rappelle cette histoire belge où des randonneurs (flamands) qui faisaient un brevet, se sont retrouvés piégés dans un bois, avec la boue, les barbelés, vélo sur l’épaule pour avoir voulu suivre leur GPS.  Et ça fait rire mes compagnons de route Wallons!

Tinténiac : lundi 13 h 05.

          201.jpg A l’arrivée sur le site, je rencontre Patrick (le beau-frère de Dédé, un bon supporter) avec ses petits enfants. Il a loupé le passage de Dédé et Gilbert que j’imagine déjà loin. Les 2 compères sont en avance sur leur programme initial. A l’heure qu’il es t, c’est le déjeuner: potage, plat de résistance et dessert. Je me rencontre que j’ai les yeux plus gros que le ventre : beaucoup d’appétit mais assez vite rassasié. Mais Il faut pourtant alimenter le bonhomme si on veut avancer. Et puis il est temps de repartir vers Loudéac; c’est comme si je rentrais à la maison. Je retrouve des routes connues et parcourues plusieurs fois durant les derniers mois. A noter l’arrêt obligatoire à Quédillac, pour un contrôle secret; je prends à Drew BUCKnouveau un potage et repars vers Ménéac- La Trinité -Porhoët . Le PBP fait ici une petite incursion dans le Morbihan. Je joue ici à domicile. Dans la montée vers Plumieux, je rattrape l’Anglais Drew Buck sur son vélo de 1900. Il n’a qu’un pignon et il monte assis. J’aurai l’occasion de le doubler à plusieurs reprises. Ce gaillard au look des années folles ne doit pas perdre de temps au contrôle, moins que moi en tout cas. Je rattrape aussi un italien; ils sont nombreux sur PBP. Il parle francais et m’explique qu’au cours de son brevet de 400, il a chuté et s’est cassé le fémur ! Je me demande comment il a pu se qualifier malgré cet handicap. C’est là qu’il me dit de regarder son vélo: il n’a pas la plaque de cadre « PBP ». En effet, n’ayant pu se qualifier et pour cause, il fait la rando en touriste et en profite pour découvrir le PBP en faisant sans doute des bouts de route. Il profite aussi de l’assistance de ses amis. Dans 4 ans, il reviendra.

            Le panneau «La Chèze» me donne des ailes même si à la sortie de ce bourg, ça grimpe. A ce moment, Je sens que j’ai mon PBP bien en main. Les  côtes me semblent plus faciles qu’à l’entraînement.

 Loudéac lundi 18h14

                A l’entrée de Loudéac, je salue Alain le B. avec qui , il y a 4 ans sur PBP, j'étais son Copie de Paris Brest Paris 2011 106copilote durant 24 heures. C'était le 1er PBP de nos 2 Cléguérecois (Gilbert et Dédé). Au point de contrôle, c’est la grande foule qui nous accueille; je me rappelle le temps où, à de nombreuses reprises, j’étais ici en spectateur. Il y a un petit raidillon pour atteindre le parking à vélo; je  suis sur le point de caler car j’ai mis un trop grand développement. Les copains de Kleg m’interpellent et prennent des photos; mais je ne les vois pas tant il y a de monde autour de nous. Après le pointage, j’ai le temps de dire bonjour et de faire le point avec Michel (2 PBP à son actif) et Alain Q ( qui fera tout pour être au départ de PBP en 2015) du club de Kleg; il est 18h30.

Sur le parking du champ de foire, je profite du pique-nique «maison», potage, riz, fruits. Je fais un brin de toilette et change de tenue. Comme je l’avais envisagé avant le départ, vu l’heure (il fait encore jour), je continue vers St Nicolas du Pélem: je pourrai dormir là-bas. Je quitte donc Loudéac et je m’apprête à attaquer l’une des portions les plus dures du circuit. Normalement je connais par coeur toutes ces routes sauf curieusement cette partie Trévé-Grace-Uzel-Clair-Matin. Cette route ne fait pas partie des circuits préférés de mes collègues de Mûr, ni d’ailleurs de ceux de Cléguérec, parce que trop casse-pattes, j’imagine!

            Je croise soudain une voiture «attention course». Je m’attends à voir débouler les premiers cyclos qui sont déjà sur la route du retour. Ils arrivent en fait un par un. Ils ont bien 250 Copie de Paris Brest Paris 2011 098km d’avance sur nous, qui avançons péniblement vers Brest. Ceux-là (les furieux ou les guerriers !) ne dorment pas et s'arrêtent un minimun de temps; Ils finiront en 45 H ou un peu plus. Sur cette route, je dépasse à plusieurs reprises un trike (ou vélomobile) qui peine dans les côtes mais qui, un peu plus loin dans une descente me double à grande vitesse.  Ces engins carénés nous dépassent et me font penser à des torpilles tant ils sont profilés; ils pourraient nous saper le moral avec leur vitesse de pointe époustouflante. Heureusement qu’ils sont assez lourds et nous avons aucun mal à les rattraper dans les côtes qui suivent. Le temps est orageux. Je transpire énormément sur cette route en dents de scie. La montée vers Merléac me semble plus longue que d’habitude. Je me souviens de ce que nous dit souvent Gilbert : « avec la fatigue, les km, la moindre côte peut devenir un mur ».Je confirme!

          Je constate que Merléac a mis les petits plats dans les grands pour accueillir  les randonneurs: on peut y manger et dormir sous le chapiteau qui trône au milieu du bourg, au P1020055pied du clocher. Voilà une belle image de la Bretagne, celle qui se passionne pour le vélo et qui nous encourage tout le long de la route. Nous leur répondons d’un geste de la main ou d’un  «bonjour». A un carrefour où l’on doit céder le passage, les voitures s’arrêtent pour nous donner la priorité. Merci à  tous ces gens qui savent nous accueillir et qui respectent l’effort déployé par les participants. Tous les randonneurs y sont sensibles.  Quelques encablures plus loin, c’est St Martin des Prés : avec aussi sa chapelle, son chapiteau, son joueur d’accordéon, son barbecue, ses crêpes: on se croirait dans une kermesse. Je vois un cyclo étranger qui s’arrête pour faire une photo. Dans un autre bourg, une très vieille dame a ouvert sa fenêtre et regarde ce défilé ininterrompu de cyclos en faisant aussi un petit salut de la main. Pour beaucoup c’est l’évènement qui n’arrive que tous les 4 ans, pas question de le louper.

  

 

St Nicolas du Pélem.

             J’arrive à St Nicolas; le temps s’assombrit. Depuis Paris, nous avons un temps orageux mais pas une goutte de pluie. La nuit va tomber rapidement; MO me signale par téléphone que les voitures d’assistance ne sont pas autorisées dans ce point ; elle rentre à la maison. Cependant, ici, on peut manger et se coucher. Les contrôleurs paraissent à cheval sur le règlement. J’en ai plein les pattes et après avoir mis mon vélo au parking, je vais faire la queue pour m’inscrire au couchage. Je demande à être réveillé à 1 h 30 ; j’estime mon besoin de sommeil à 3 h ; ce sera ma plus longue nuit sur ce PBP. Dans cette salle de sports, transformée en dortoir (600 couchettes), dort déjà beaucoup de monde dont mes 2 collègues de Kleg ; oui mais, ça je ne le saurais qu’après. D’ailleurs quand je me lèverai, ceux-ci auront déjà pris la poudre d’escampette. Ai-je bien dormi cette nuit? en réalité, cette pause de 3 heures sera entrecoupée de séquences pour le moins bruyantes et cocasses. D’abord c’est l’orage qui se déchaîne avec son cortège de pluie, de coups de tonnerre et d’éclairs ; ça tambourine dur sur la toiture en tôle. Je pense à ceux qui sont sur la route en ce moment. Mais le clou de la soirée ce sera l’alarme qui se déclenche, puis une voix dans un haut-parleur, sans doute d’un centre de surveillance à distance, qui demande s’il y a quelqu’un dans la salle et qui réclame une réponse. Ensuite, c’est la lumière qui s’allume dans la salle; bref rendormons-nous vite, la nuit est déjà si courte. Peu après, je suis réveillé par une main qui me remue le bras «c’est l’heure !».

            J’enfile tous ce que j’ai prévu pour rouler la nuit : manchettes, jambières, coupe-vent etc…Dehors il fait plus frais et nous pataugeons dans la boue pour rejoindre le self sous chapiteau. Un bon petit déjeuner fera l’affaire. Il est 2 h du matin; les bénévoles sont à leur poste, souriant et prêt à nous servir; ils font aussi partie de cette grande fête du vélo qui se déroule entre Paris et Brest et on ne peut que les remercier.

            Je repars pour Carhaix qui se situe à 35 km d’ici. Je roule derrière un groupe qui éclaire bien la route. Après Plounévez-Quintin, nous prenons la route de St Lubin, une route plus étroite et l’un de ceux qui roulent avec moi évite de peu un cyclo qui vient dans le sens inverse. Ce n’est pas parce qu’il fait nuit qu’il faut dormir sur son vélo! J’y pense souvent à ce risque de chute qui en quelques secondes peut complètement chambouler la suite des évènements et nous ramener à la maison plus vite que prévue. 

Carhaix mardi 4h13  

                Nous sommes le mardi matin; à ce petit jeu, de rouler la nuit, de manger n’importe quoi, à n’importe quel moment, on perd vite la notion de l’heure et du jour. Au pays des Veilles charrues, pas de passage au self; je repars rapidement pour le Huelgoat et Sizun. Les cyclos que je vois sont souvent isolés. Les groupes se dispersent dès le moindre raidillon. Je connais bien cette portion de route pour l’avoir fait il y a à peine 3 semaines avec Dédé et les gars de Loudéac : jolie petite route touristique le jour mais assez sinistre dans cette nuit noire et humide. Là je roule régulièrement et me sens en assez bonne forme. Dans les côtes, je vois certains qui décrochent, d’autres qui prennent les devants, certains aussi s’arrêtent sur le bord de la route; je me retrouve parfois seul sur plusieurs km. Quand ça monte, j’en arrive à mettre mes petits braquets (36 x 24)  et même (36 x 27) La montée de Roc Trévezel me parait plus facile; la nuit masque les difficultés. Avec ce temps brumeux et pluvieux, je ne verrai pas l’émetteur de télé pourtant bien balisé. J’enfile mon imper et j’enlève mes lunettes. Je n’y vois plus grand chose avec ses gouttelettes sur les verres. En haut, je suis content de basculer sur Sizun. C’est psychologique car à partir d’ici, j’ai l’impression d’avoir une vaste descente jusqu’à Brest. C’est une illusion car il y aura encore de sacrés « casse-croûtes ». Vers Dirinon, le jour se lève et je me retrouve avec un groupe de St Alban(22). Ceux-ci ont repéré le maillot de diagonaliste que j’ai sur le dos depuis Loudéac. Ils sont eux-mêmes diagonalistes et nous parlons de ... diagonale , celle de Brest-Strasbourg précisément ( mon unique diagonale) puis on cause un peu sur les avantages et inconvénients des diagonales par rapport aux randos du style PBP; nous irons ensemble jusqu’à Brest.700-M-france-Lesne-jean--Charles-Harzo-et-Mme.jpg Nous passons sur le pont Abert-Louppe. Certains s’y arrêtent pour une photo, symbole de ce bout du monde. J’ai eu l’occasion d’y passer sous une météo plus clémente. Aujourd’hui, tout est gris, pas la peine de s’y attarder. La suite, c’est une route qui nous conduit au port de Brest. J’avais lu sur le forum que les rails, qui coupent la route de biais, sont ici particulièrement dangereux et en y passant, je constate qu’il y a là un cyclo qui a dû prendre sa roue dedans car je le vois à pied près de son vélo, le genou en sang. Je pense que l’organisation aurait dû mieux signaler ce danger. En ville il faut aussi redoubler de prudence; les risques de chutes sont nombreux avec tous ces ronds points et cette chaussée humide.

 Brest, mardi 9h52.la mi-temps.

                   J’arrive au contrôle et je me réjouis d’avoir atteint Brest, j’ai fais la moitié du parcours, sans avoir trop entamer mes réserves. Je sens que je peux continuer dans de bonnes conditions. Après Brest, nous nous rapprochons de Paris: mentalement, c’est positif! autre bonne nouvelle, le soleil revient et le vent semble nous être favorable. Pour l’instant, c’est direction le self; il faut faire la queue; je suis étonné de voir qu’il n’y a qu’une seule personne qui fait le service du plat principal ; la queue s’allonge rapidement. A mon menu, 2 soupes, pâtes et poisson, yaourt. Je m’attarde un peu à table; ça fait du bien de s’asseoir et se lever de sa chaise demande un effort. Je vais aux toilettes mais il y a trop de monde aussi je préfère quitter Brest au plus vite. D’une manière générale, on est mieux accueilli dans les petites villes (et les petits bourgs). Les bénévoles font ce qu'ils peuvent, c'est plus l'organisation qui pêche. C’est vers Guipavas que je redouble l’Anglais sur le vélo d’un autre âge. Partout où il arrive, c’est l’étonnement et la curiosité chez les spectateurs. Sur la route avant Landerneau, je me fais un petit plaisir en faisant la grande descente à fond. Puis c’est la traversée de la ville et la montée vers Sizun; sur ces routes que je connais depuis notre diagonale en août 2010, je roule à une allure modérée; pas d’effort inutile, çà me semble plus facile que les dernières fois où j’y suis passé. Une fois de plus les groupes se forment et se scindent dès que ça grimpe. C’est encore plus flagrant entre Roc Trévézel et Carhaix. En rase campagne je m’arrête au bord de la route pour enlever mon coupe-vent ; quand je repars, je constate que je ne peux plus enclencher la pédale droite. C'est le genre de problème qui n'arrive jamais! et je  vois que ma cale de chaussure est en partie entaillée ; je réussis finalement à l’enclencher mais mon pied n’est pas bien en ligne. A pédaler comme cela de travers, je sens que ça ne tourne pas rond et je risque la tendinite. Je profiterai de l’arrêt à Carhaix pour changer cette cale.

Carhaix, mardi15h48.

                 Je retrouve avec plaisir mon assistante. Pendant qu’on répare mes chaussures, MO me donne des sandales  et je file au self pour un potage et plat de pâtes. Je repasse chez le méccano et c’est reparti vers St Nicolas. A la sortie de Carhaix, j’aperçois Daniel Battu, le père de Jean-Philippe; je le rencontrerai quelques jours plus tard à Cléguérec: il attendait le passage de son fils. Au fil de la discussion, j’apprendrai qu’il s’intéresse au vélo couché: «l’avenir du vélo» me dit-il. Vers St Lubin, je roule en compagnie d’un groupe d’étrangers. Certains ont «Rusa» imprimé sur leur maillot : non, il ne s’agit pas de Russes mais bien des « Randonneurs USA » . Ils ont souvent une petite plaque à l’arrière de leur vélo, avec leur logo et leur nom-prénom. Leur allure me convient. Hier, je suis passé ici de nuit dans l’autre sens. De jour, c’est bien plus agréable. A St Nicolas, je ne m’arrête pas, je crains la route qui suit, celle de Canihuel mais là ça passe bien, mieux en tout cas qu’il y a un mois quand nous l’avons reconnue avec Dédé. Le revêtement de la chaussée est ici particulièrement rugueux, ce qui ne peut qu’amplifier mes douleurs aux mains (et fourmillements des doigts) au niveau des appuis sur le guidon. La partie qui suit (Corlay-Merléac) est plus facile dans ce sens; par contre après le carrefour de Clair Matin, la montée vers Grâce-Uzel et Trévé est un vrai calvaire (breton !) et ça m’oblige à puiser dans mes réserves. Je suis dans le dur. Trévé attend le passage de ses cyclos. Les locaux ont mis des pancartes pour les encourager. Les gars de Trévé sont partis après moi et c’est réconfortant de les savoir toujours derrière : je suis bien dans les temps.

 

 

  Loudéac, mardi 20h50

                Même à cette heure tardive, il y a encore beaucoup de monde et d’ambiance au contrôle. Après un passage au self, je file à la douche où c’est l’affluence. C’est ma première vraie toilette depuis le départ, je remets une tenue propre et rejoins mon assistance près du Netto. Je prévois de dormir dans la voiture au moins 3 h. Nous avons enlevé une partie de la banquette et disposé un matelas auto gonflable, un sac de couchage et un petit oreiller. En dépit du bruit extérieur, je m’endors rapidement. 2 heures plus tard, je me réveille « en nage ». J’étais beaucoup trop couvert dans ce sac de couchage; avec une serviette, je m’éponge, un peu paniqué par cet état qui ressemble à une forte fièvre. J’enfile ma tenue de vélo, mes chaussures et je remplis mes poches; je repars vers 1h30. Nous sommes le mercredi matin, et demain matin je serai à Paris, hé oui ! Je donne rendez-vous à MO à Tinténiac. Je prends la direction de la Chèze, au début seul, ensuite avec un petit groupe qui grossira au fil des km. L’ensemble de nos feux nous donne une bonne visibilité mais je prends garde à ne pas suivre les roues de trop près car je redoute les chutes. Si je suis bien reposé, d’autres sont peut-être en manque de sommeil et peuvent zigzaguer. A Illifaut, des signaleurs nous aiguillent vers une petite route à droite: c’est le second contrôle secret. Ici et comme à chaque contrôle, je prends une soupe; j’y suis désormais abonné: je veux éviter la déshydratation qui, c’est bien connu, peut diminuer énormément le rendement musculaire. Comme après chaque arrêt, je repars seul et un gruppetto se reforme peu après. Nous passons à Quédillac qui a aussi son self et son couchage, et toujours de nuit, j’atteins le contrôle suivant.

Tinténiac, mercredi à 5h40.

            Sur le vélo, je ne mange pratiquement plus sauf quelques bananes ou compotes ; par contre je passe au self à chaque contrôle. MO est là et m’incite à ne pas trop traîner; elle pense que je perds du terrain sur la route du retour. Elle a vu passer les 2 collègues de Kleg et voit que l'écart entre nous se creuse. Avec la fatigue, j’ai tendance à prendre plus de temps pour manger; en un mot, je deviens plus « flemmard ». Le jour se lève: j’attaque ma dernière grande journée de vélo. Demain ce sera la ligne droite finale que j’imagine assez facile. Pour l’instant, je crains la route de Fougères ; on m ‘a parlé de «sévères» côtes avant ce prochain contrôle.

Fougères, mercredi 9h46 ;

             Au self l’un des bénévoles a repéré mon maillot «Cléguérec». J’apprends qu’il a travaillé dans un cabinet comptable  dans le Morbihan et il connaît bien le pays Chistr’per (pays du cidre de poire). Après ses encouragements, MO me rejoint au self; puis j’ai aussi la joie d’avoir la visite de Léna et du petit Alexis (10 mois) tout sourire et qui fait là aussi son premier PBP, comme supporteur de papi. Ayant une kiné sous la main, j’en profite pour signaler à Léna les douleurs que je ressens: aux cervicales, l’appui des mains, au niveau des côtes. A vrai dire, même si globalement ça roule bien, je commence à être un peu « cassé de partout ». J’ai aussi la tête transformée en tour de Pise; elle  penche sur la gauche. Pendant que je mange, elle pratique sur moi des mouvements d’ostéo; ça soulage sur le moment, mais comme elle me dit, seul le repos peut venir à bout de mes petites misères. Mais pour le repos , on verra plus tard.

Après quelques photos de famille, près de la banderole  « 17èmePBP », je décide de faire Copie de P1020087-copie-1une petite sieste d’une ½ h. On n’est pas loin de midi. Je m’endors assez vite. Cette courte pause me retape. Puis il est temps de s’en aller pour Villaines. Cette étape a commencé dans la fraîcheur mais rapidement le soleil revient et je m’allège de mes jambières et du coupe-vent. J’ai la surprise de rouler un moment avec Evelyne(de Brandérion) : nous nous sommes rencontrés sur le BRM 300 au mois d’avril. Elle semble avoir la pêche. Le PBP ne devrait pas lui échapper. Dans les petits groupes que je côtoie, la fatigue se fait de plus en plus présente. De mon côté, j’ai de plus en plus de mal à relever ma tête aussi je garde mon tour de cou pour  garder la chaleur sur cette zone. Les gens nous proposent leur petit stand de ravitaillement (eau, café, gâteau…) sur le bord de la route : je m’arrête à l’un d’eux à Lévaré (53). Ce sont des jeunes qui s’en occupent mais les parents sont pas loin : rencontre entre cyclos et les gens du cru. Coïncidence, Gilbert et Dédé s’y sont arrêtés aussi ; je l’apprendrai à l’arrivée. Peu après, je passe à Gorron ; c’est là que nous avons passé la première nuit de notre diagonale Brest-Strasbourg; ça paraît si loin. C’était juste il y a un an. Nous approchons du prochain contrôle par une côte qui n’en finit pas.

 

Villaines la Juhel, mercredi 16h30.             

                 Quand j’y suis passé, lundi, il faisait nuit. Maintenant je retrouve ici une super ambiance, comme à Loudéac. Les nombreux spectateurs, juchés sur les murets au bord de la rue, nous acclament. Je viens Copie de Photo près de Villaines de franchir le cap des 1000 bornes. Je suis de plus en plus confiant pour la suite. Mon passage (catastrophique) dans le sens aller n’est plus qu’un lointain souvenir. Je vais au self; ici on prend son plateau en haut et on descend s’installer dans la salle de sport en bas, transformé en restaurant. MO m’a rejoint et au lieu de rentrer à la maison, comme prévu après Fougères, elle décide de poursuivre sur les étapes suivantes.

Je repars. Nous sommes dans le Perche, région connue pour son relief difficile. Il fait encore très chaud en cette fin d’après-midi. Je profite d’un ravito organisé par un club cyclo du côté de Mamers: soupe et petit gâteau à la table des Américains mais je ne tarde pas trop car il y a encore du boulot avant Mortagne qui fait figure d’épouvantail pour les randonneurs. Les côtes se font plus raides, plus longues. Le ciel s’assombrit puis c’est la nuit qui tombe.

            Un doute s’installe: sommes-nous toujours sur la bonne route ? Contrairement à certains secteurs, ici on ne voit plus beaucoup de flèches; d’ailleurs je les trouve trop petites, ces flèches; la partie réfléchissante, c’est un petit triangle de 5 cm de côté. Alors de nuit, avec un peu de buée sur les lunettes, on n’y voit plus rien. Si l’organisateur prend la peine de mettre des flèches, ce serait bien qu’ils y en aient suffisamment et bien visibles. 

                   Dans la montée finale vers Mortagne, c’est un peu « galère » et  j’ai vite fait d’associer « Mortagne au Perche» et « Montagne  Haut Perchée». Dans le noir, l’esprit vagabonde et j’imagine cette cité du Perche placée très haut sur une sorte de piton rocheux quasiment inaccessible. En me hissant dans la dernière côte, je suis soulagé d’avoir atteint le contrôle sur les hauteurs de la ville.

Mortagne-au-Perche, mercredi 22h23

                Ici, après un passage au self, je vais dormir dans mon sac de couchage; cette fois, je fais en sorte de ne pas être trop couvert d’autant plus que, la nuit, la température ne descend pas beaucoup. Sur mon téléphone, j’active  l’alarme à 1h00 du matin; je m’autorise 1h45 de sommeil. Je dors bien mais le réveil s’avère laborieux ; j’aurai bien prolongé. Je ne suis prêt à repartir que vers 1h40. Je me dis qu’il me reste 84 km pour rejoindre Dreux et ensuite, il me restera plus que 65 km pour boucler ce PBP soit un total de149 km. C’est largement dans les clous. Je dois donc faire ce parcours en moins de 10h15, ce qui me paraît facilement réalisable même après plus de 1100 km dans les pattes. C’est donc boosté par cette perspective que je replonge dans la nuit vers Dreux. Sur cette route je suis victime d’une sorte d’illusion d’optique. Je vois les vélos devant moi qui penchent tous sur la droite comme si nous étions dans un virage à droite. Je vois aussi mon propre vélo penché sur la droite ; En fait c’est ma tête qui penche de plus en plus sur la gauche qui me fait voir de cette façon. Tout me semble de travers, une sensation bizarre et plutôt désagréable. Un autre problème vient se rajouter à ce phénomène. La route très noire contraste violemment avec la ligne blanche qui scintille sous nos feux avant. J’ai l’impression de voir une pente au-delà de cette ligne, j’imagine une sorte de gouffre dans lequel je pourrai tomber si je franchis la ligne. Sur le côté droit, ce sont des lignes en pointillé très brillantes également et l’illusion est la même que sur la gauche: Je serais donc sur une route étroite avec un ravin de chaque côté, comme si je roulais sur une digue sans parapet. Tout cela me donne une sorte de vertige particulièrement pénible au milieu de la nuit. Les repères habituels comme l’horizon, le paysage, le bord des routes, disparaissent. Je retrouve mes repères habituels dès qu’un véhicule, arrivant par l’arrière, éclaire largement la route et les bas-côtés. Un cyclo m’avouera avoir eu la même sensation. C’est donc un problème d’éclairage; d’ailleurs beaucoup de cyclos étrangers ont un éclairage beaucoup plus puissant que les nôtres, avec leur dynamo en forme de boule dans le moyeu de la roue avant. Si je devais refaire ce type de rando, je pense que je devrais m’équiper de cette façon. La tête penchée, les vertiges du vide, en ce moment je ne suis pas très fier. Il m’arrive de freiner dans les descentes par peur des chutes. Ma moyenne va encore baisser mais pas d’inquiétude pour les délais, j’ai encore une bonne marge. Et je suis soulagé dès que j’aperçois qu’on approche d’un bourg où les lampadaires m’offre une bonne vision des lieux.

Dreux, jeudi 5h37.

                  MO est déjà sur place et a déjà repéré les lieux. Elle m’indique un endroit pour poser mon vélo et me conduit au self pour un ultime repas, en fait un petit déjeuner auquel je rajoute un plat de pâtes.

P1020098Dans cette salle de sport, la moitié des cyclos dorment dans toutes les positions souvent à même le sol, certains ont la tête sur la table, d’autres mangent mais ont déjà les yeux mi-clos et ne vont pas tarder à piquer du nez. A ce moment, je me rencontre que j’ai bien fait de dormir à Mortagne car maintenant je me sens bien et prêt à avaler les 65 km restants sans avoir de coup de pompe. Mon assistante rentre maintenant à la maison, elle craint de s’égarer dans les labyrinthes de la région parisienne et elle me prodigue ses derniers conseils, à savoir tenir bon jusqu’au bout. Je la sens satisfaite d’avoir pu participer à mon PBP.: il faut préciser que c’est presque aussi fatiguant d’être  suiveur que randonneur : elle n’a pas beaucoup dormi depuis 2 jours. Au coin du parking, un dernier encouragement, un dernier bisou, et c’est parti pour la « dernière ligne droite ».

Quand je quitte le site, le contrôleur demande aux cyclos de remettre leurs feux, le ciel est encore sombre mais l’aurore perce déjà à l’horizon. Je roule avec 4 Japonais. La dernière étape devrait être une balade agréable. J’ai entendu à Dreux quelqu’un auprès de moi qui dit à un autre cyclo qu’il n’y a plus qu’une seule côte avant St Quentin. En réalité, il se trompe lourdement; il y a encore plusieurs « patates » et à ce niveau du parcours, la moindre côte, même un faux-plat devient difficile (demandez à Gilbert). Parfois, dans les descentes, je laisse aller sans pédaler, pour soulager les cuisses. Au niveau de la selle aussi, malgré un cuissard Copie de P1020099-copie-1spécial longue distance et une bonne couche de pommade (la même qu’on met sur les fesses des bébés), ça fait mal et je monte fréquemment en danseuse pour soulager mon postérieur. Je pense que c’est pareil ou pire pour les autres. A la sortie du village « Lallemant », j’envoie un coup de fil à Dédé, histoire de savoir où ils en sont mes 2 collègues. Ils ont franchi la ligne d'arrivée un peu avant 2 h du matin , en pleine nuit : bravo !; je leur annonce mon arrivée dans environ1 h (au pif) soit vers 10h. J’ai encore quelques forces puisque dans la montée, en forêt de Rambouillet, je double d’autres cyclos. Beaucoup sont à la ramasse ; certains roupillent au bord de la route. J’ai le temps d’admirer la forêt, quelques riches propriétés, des randonneurs à cheval, et aussi de voir les parisiens qui vont au boulot, pour la plus part indifférents à notre sort. Il me semble alors que nous sommes tout proche de l’arrivée et je suis surpris et déçu quand j’aperçois ce panneau  « arrivée: 10 km ».Encore 10 km ! Je m’arrête un moment au bord de la route pour avaler une barre et je suis rattrapé par un groupe important ; ils sont au moins une vingtaine. C’est le club de Lamballe(22). Je crois que c’est le club le mieux représenté dans ce 17ème PBP. Je vais donc finir avec eux, peinard dans leurs roues. Je craignais de me perdre sur les derniers km, mais là je suis rassuré, je suis en bonne compagnie. Nous sommes sur des routes larges avec d’énormes ronds-points et une série de feux tricolores. A un carrefour, nous prenons la voie la plus à gauche pour tourner. C’est là, à l’arrêt, avec le pied gauche encore dans le cale-pied, je perds l’équilibre en touchant la bordure gauche et m’étale bêtement sur la pelouse du terre plein central. Pas de mal! Le temps de me relever, les autres cyclos sont partis et le feu est repassé au rouge. En forçant un peu, je les rejoins 2 ou 3 feux plus loin. Ce groupe se met en ordre de marche pour l’arrivée ; les 4 ou 5 femmes du groupe sont invitées à se mettre devant. Je m’installe à l’arrière du groupe. J’essaie de profiter de ces instants. Maintenant je reconnais les lieux que nous avons arpentés dans tous les sens, samedi et dimanche dernier et nous voici au rond-point des Saules. Les spectateurs,  le speaker nous applaudissent, nous félicitent. J’entends mes 2 collègues qui m’interpellent. Gilbert fait des photos; curieusement à ce moment précis, les douleurs s’estompent, c’est un grand moment de bonheur mais je n’éclate pas de joie comme on pourrait le penser, c’est plus intérieur. Le plaisir de réussir mon PBP , je l’ai ressenti bien avant de franchir la ligne. Depuis Brest, j’étais confiant et le passage sur la ligne d’arrivée n’est que l’aboutissement de ce long cheminement, parfois semé d’embûches, parfois facile, avec toujours en point de mire « celui d’être arrivé ce jeudi avant 12 h » . Moi qui disais « PBP, non merci » c’était il y a bien longtemps. C’était « impossible » et pourtant c’est devenu possible. Les idées se bousculent dans ma tête. J’en rêvais et je l’ai fait. A la question «suffit-il de le  vouloir pour le pouvoir ?» je répondrais « oui, mais pas seulement ! » je pense qu’il faut aussi une bonne santé, un bon moral, pas mal d’entraînement, du bon matériel, une petite dose d’inconscience et quelques grammes de chance…

 

  St Quentin, jeudi 10h08

Il est 10h08 quand j’arrive à la table du dernier contrôle. Je marche un peu de travers et la tête toujours penchée; Dédé se marre en découvrant mon allure plutôt de « traviole », comme si j’avais bu un coup de trop ; puis avec les collègues, je me dirige vers la buvette et je déguste une eau gazeuse, comme si c'était une coupe de champagne, assis sur la pelouse du site d’arrivée. Le plaisir de s’asseoir, d’avoir fini tout simplement ! Nous croisons là plusieurs têtes connues , des cyclos pontivyens, des diagonalistes…

            Tandis que je range mon vélo, Dédé me conseille d’enlever le compteur pour arrêter le décompte à ce moment.Copie de P1020105

Relevé compteur

 

compteur : 1272 km

temps de parcours (sur le vélo) :59h48

moyenne : 21,26 km/h

vitesse maxi : 64 km/h

temps total : 88h08

Le repos

            L’après-midi, nous rejoignons notre camp de base à Verrières le Buisson. Après un bon repas à la brasserie du centre-ville, nous rentrons au logement et décidons d’un commun accord de s’accorder une bonne sieste. Je dors tellement bien que, vers 18h30, Dédé, qui a entendu du bruit en bas, s’y prendra à 3 fois pour me réveiller. Dans mon demi-sommeil, je lui dis « non, non, il n’en est pas question !» au arrivée Paris Brest Paris 2011 040-copie-1fait, « question de quoi ? » de se lever pardi ! Il faudra encore quelques minutes pour nous rappeler que nous avons rendez-vous avec Sylvain, Isabelle et Flora pour les grillades. Pendant les 4 à 5 jours qui suivent, je sentirai le manque de sommeil et les siestes deviendront obligatoires.

            Et «est-ce que tu le referas dans 4 ans?» à la question que tout le monde me pose, la première réponse qui vient, c’est un «non!» catégorique, puis quelques temps après, « on verra !». Je pense que ça dépendra surtout de mon état de santé et de ma motivation, le moment venu. D’ailleurs, qui sait ce qu’il fera dans 4 ans?

            

 

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